Article de Recherche — Quand l’activisme des PDG est-il propice au processus démocratique ?

Article de Aurélien Feix et Georg Wernicke
Publié dans la revue : Journal of Business Ethics

L’activisme des chefs d’entreprise a pris de l’ampleur ces dernières années. La recherche sur cette pratique s’est principalement attachée à déterminer les conditions dans lesquelles les déclarations publiques d’un PDG sur des questions sociopolitiques sont bénéfiques ou préjudiciables aux performances commerciales de son entreprise.

Nous complétons cette perspective instrumentale de l’activisme des PDG par une enquête éthique sur les implications de l’activisme des PDG pour le processus démocratique. En nous appuyant sur la philosophie politique, nous montrons que la réponse à la question de savoir si l’activisme des PDG est propice au processus démocratique dépend de la conception de la démocratie que l’on adopte.

Du point de vue du libéralisme, la seule condition que doit remplir un cas d’activisme des PDG est qu’il soit légal, à condition que la loi applicable protège suffisamment les droits essentiels des personnes. Toutefois, du point de vue du républicanisme, il ne s’agit pas d’une condition suffisante. En plus d’être respectueux de la loi, les chefs d’entreprise doivent faire preuve d’esprit civique lorsqu’ils interviennent dans les débats publics, c’est-à-dire qu’ils doivent se préoccuper de la qualité et de l’équité avec lesquelles ces débats sont menés.

Sur la base de la littérature sur le républicanisme, nous suggérons quatre critères possibles que les chefs d’entreprise civiques peuvent appliquer pour évaluer la conduite démocratique d’une éventuelle intervention publique : la perspicacité ajoutée, l’opportunité, la constructivité et la transparence.

Notre article complète la littérature essentiellement instrumentale sur l’activisme des PDG et contribue, plus largement, à la littérature qui explore les dimensions normatives de l’engagement politique des entreprises, ainsi qu’à un courant de recherche croissant qui s’appuie sur la théorie philosophique pour éclairer la prise de décision éthique des dirigeants d’entreprise.