• Statut : Diplômé

Révolutionne le marché des devises

Réduire au minimum les frais de change des entreprises travaillant à l’export : tel est l’objectif de Kantox. Créée en juin 2010 par Philippe Gelis, diplômé de TBS Grande École en 2003, l’entreprise a dû batailler pour s’imposer. Aujourd’hui, elle double son chiffre d’affaires tous les trimestres. Retour sur une success story bien menée…

Philippe, peux-tu nous rappeler ton parcours à TBS ?

J’ai eu un parcours très tourné vers l’international dans la mesure où j’ai fait ma première année à Toulouse, ma seconde année à Barcelone et ma troisième année en double diplôme au Tec de Monterrey au Mexique. Sans compter mon année de césure à Zurich en Suisse chez Renault, en tant que contrôleur de gestion. En résumé, 4 années, 4 pays, 4 langues différentes et des cultures extrêmement opposées, le passage de Zurich à Mexico a été un véritable choc ! Je me rappelle très bien de mon projet Delta, un salon des vins à la chambre de commerce de Toulouse. J’avais co-fondé Sup d’Oeno et on n’arrêtait pas de monter des activités autour du vin, c’était plutôt sympa. En 3ème année à Mexico, j’avais choisi Corporate Finance comme spécialité, ça m’a pas mal servi ensuite pour fonder Kantox, mais au final c’est à travers les années à l’étranger que je me suis le plus enrichi. Aujourd’hui, je vis entre Barcelone et Londres et je n’ai eu aucun mal à m’adapter, c’est devenu naturel de changer de pays et de langue régulièrement. J’étais d’ailleurs à San Francisco récemment et je me verrais bien y passer 3 ou 4 ans. C’est un endroit incroyable, et l’université de Stanford a une dimension inimaginable ici en Europe.

Tu es fondateur de Kantox ? mais de quoi s’agit-il ?

A l’issue de TBS, j’ai fondé l’entreprise Kantox. C’est une solution online d’échange et de gestion des devises destinée aux PMEs ainsi qu’aux entreprises de taille intermédiaire, on a d’ailleurs plusieurs clients côtés en bourse (CERES FINANCE, HMY GROUP). Kantox permet à nos clients de convertir leurs devises et de réaliser des paiements internationaux de manière transparente et économique. Contrairement aux banques et aux brokers, Kantox donne accès à ses clients aux taux mid-market en temps réel, leur garantissant que le taux de change n’est jamais manipulé. De même, nous affichons toujours clairement la commission relative à une transaction avant que celle-ci ne soit exécutée, si bien que nos clients connaissent exactement le coût de leurs opérations. Notre positionnement innovant explique qu’aujourd’hui Kantox compte plus de 1.000 entreprises clientes dans toute l’Europe. Nous sommes sur le point d’atteindre le chiffre symbolique de $1 milliard de transactions sur la plateforme, ce qui représente $15 millions de frais bancaire économisés pour nos clients. Nous avons des bureaux à Paris, Londres et Barcelone et 50 employés.
En résumé, chez Kantox nous avons une mission très claire, rendre l’industrie financière transparente et juste. C’est pour ça qu’on se lève tous les matins et que l’on bosse 60-70 heures par semaine. L’enrichissement personnel ne doit pas être le but ultime du fondateur de start-up, en fait il n’est que le résultat de l’impact du projet dans son environnement concurrentiel. Pour reprendre une phrase de Xavier Niel de Free Telecom, disons que chez Kantox “on aime bien foutre le bordel dans l’industrie bancaire”. Les banques ont démontré en 2008 qu’elles étaient prêtes à mettre tout le système financier en péril pour peu qu’elles y trouvent leur intérêt, et la succession des scandales depuis montrent qu’il y a un véritable problème culturel dans le monde bancaire, le client n’étant qu’une machine à cash que l’on plume en permanence. La croissance exponentielle de la Fintech n’aurait pas été possible (en tous cas moins rapide) si les banques avaient eu un comportement exemplaire.

Quelle est l’origine de ce projet ?

J’ai toujours voulu être entrepreneur, avant d’entrer à l’école je ne pensais déjà qu’à ça. J’ai passé 7 ans dans le conseil parce que pour pouvoir me lancer il me fallait une idée et un team… j’ai eu la patience d’attendre. L’industrie de la finance est une des plus grandes et une des plus archaïques à la fois, ce qui crée des opportunités incroyables. Ce qu’on appelle la Fintech, c’est à dire les entreprises online qui concurrencent les banques, est en train de connaître un essor extrêmement rapide et cela est parti pour durer 10 ou 20 ans.
Quand je réalise des interventions sur l’entrepreneuriat à TBS, je dis toujours aux étudiants que si à l’heure actuelle ils décident d’aller bosser dans une banque plutôt que d’aller dans la Fintech, ils perdent peut-être l’opportunité d’une vie. Ils mettront des années pour pouvoir prétendre à des postes et à des responsabilités qui arriveront très vite dans la Fintech. Les fous aujourd’hui ne sont pas ceux qui se lancent dans la Fintech mais ceux qui justement n’y vont pas.

Quelles sont, selon toi, les clés du succès d’une création d’entreprise ?

Dans les nouvelles technologies, j’ai l’habitude d’expliquer aux étudiants qu’il y en a 3 :

  • Ambition : dans la tech, il faut toujours voir grand par défaut. Aucun investisseur ne sera intéressé si vous avez une vision locale du projet. Il faut penser global ou du moins national. Comme l’a dit Emmanuel Macron récemment : “la tech c’est une industrie de superstars”. En d’autres termes, il n’y a de la place que pour quelques supers acteurs dans chaque segment de marché (moteur de recherche, advertising, e-commerce, etc.).
  • Prise de risque : par défaut se lancer dans la tech ça implique de prendre des risques et d’accepter de se planter. Ça implique aussi d’accepter de bosser sans salaire ou avec un salaire de misère au départ, chose pas facile à accepter pour des étudiants à qui on a toujours expliqué qu’ils étaient l’élite et à qui on promet des salaires de 40K à la sortie de l’école. Mais évidemment, lorsque ça marche, c’est le jackpot.
  • Persévérance : les réussites éclairs sont l’exception, la plupart des succès tech ont soit pris du temps, soit ont été lancés par des entrepreneurs qui avaient déjà une solide expérience (Criteo, Meetic, Free, etc.). Lancer une boîte tech, c’est comme courir un marathon constitué de sprints successifs et c’est souvent plusieurs “near death experiences” au moment des levées de fonds. Il faut bien le comprendre, l’accepter et s’y préparer.

Quel est ton meilleur souvenir depuis le début de cette aventure ?

À TBS, sans aucun doute l’année au Mexique. C’était extrêmement exotique, dépaysant et puis on était en cours du soir avec des part-time MBA, donc le niveau était vraiment bon. Et puis l’université avait une dimension à l’Américaine : 15.000 étudiants, des installations sportives démentes, des sportifs pro sur le campus. Mon seul regret en tant qu’étudiant, c’est d’ailleurs de n’avoir pas passé une année sur un campus US, j’aurais rêvé d’aller à Stanford.
En tant qu’entrepreneur, c’est absolument impossible de citer un souvenir en particulier, il y en a tellement. Les milestones symboliques du business, par exemple le milliard de dollar de volume de transactions, mais avant ça on avait fêté de la même manière les 100M et les 10M. Les grosses levées de fonds, quand les 2 plus grands fonds Français de Venture Capital vous signent un chèque de 6.4M EUR c’est un peu surréaliste, mais le premier chèque de 150K EUR lors de la première levée l’était aussi. Les grands entrepreneurs et les grands investisseurs que l’on côtoie c’est aussi une expérience enrichissante, aujourd’hui on est en relation régulière avec les gens qui ont financé Facebook, Google, etc.

Quels sont tes futurs projets ?

À l’heure actuelle, mon seul projet c’est Kantox 🙂 On veut en faire ce que dans la tech on appelle un “unicorn”, c’est à dire une de ces très rares compagnies qui vaut plus de 1 milliard, et on veut être côté en bourse. Il n’y a donc pas de temps à dédier à autre chose. C’est une opportunité unique à ne pas manquer.
Comme je dis souvent à mon équipe, on ne fait pas tout ça pour l’argent, même si évidemment ça compte aussi. Si on fait tout ça et si on travaille si dur, c’est pour avoir des choses extraordinaires à raconter à nos enfants quand ils seront grands.

Philippe Gelis

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