Article The Conversation par :— Delphine Godefroit-Winkel, Professeur associé de marketing TBS— Marie Schill, Maître de conférences, HDR, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)— Mine Ucok Hughes, Associate Professor of Marketing, California State University, Los Angeles
Ces dernières années, les conséquences du changement climatique sont devenues plus visibles. Des incendies détruisent les forêts et menacent les populations en Méditerranée, les inondations dues aux crues des rivières ne se comptent plus, les canicules se succèdent et le niveau des océans continue dangereusement de s’élever.
Le dernier rapport du GIEC publié en août 2021 est alarmant et incite les États à prendre des décisions politiques ambitieuses et contraignantes. Mais que pensent les consommateurs des actions de leur pays en matière de changement climatique ? Plus particulièrement, les actions prises par les pays impactent-elles les attitudes des consommateurs vis-à-vis de leur pays ?
Avec notre équipe de recherche, nous avons mené une étude auprès de plus de 1300 consommateurs américains, français et marocains qui apporte quelques éléments de réponses. Les États-Unis, la France et le Maroc sont intéressants à considérer en matière d’action climatique car ils ont tous les trois joué un rôle important dans les engagements envisagés à l’échelle internationale, notamment à partir de la COP21.
Quels que soient leur nationalité et leur pays de résidence, les consommateurs interrogés ne se montrent pas insensibles aux actions de lutte contre le changement climatique. Face à la mise en œuvre de mesures allant dans ce sens par leur pays, l’image qu’ils en ont est améliorée. Le modèle d’équations structurelles que nous avons construit permet de mettre en évidence ces liens : chez les Américains, le coefficient de régression est de 0,39, chez les Français, de 0,30 et chez les Marocains, de 0,55. Autrement dit, si l’évaluation par les consommateurs des actions climatiques menées par leur pays augmente d’un point, leur bienveillance vis-à-vis de leur pays augmentera respectivement de 0,39, 0,30 et 0,55 chez les Américains, les Français et les Marocains.
En d’autres mots, nous consommateurs sommes sensibles aux actions de notre pays, telles que la mise en place de programmes environnementaux, l’offre de services publics compatibles avec l’environnement (transports en commun utilisant de l’énergie renouvelable…) ou le recyclage des déchets. Il semblerait donc que tous les pays désireux d’améliorer leur cote de popularité devraient investir dans des actions de lutte contre le changement climatique.
Le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, forcément une bonne nouvelle pour le climat ? https://t.co/CpBHObmJa6 pic.twitter.com/7GmCeo4pF0— The Conversation France (@FR_Conversation) November 20, 2020
Le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, forcément une bonne nouvelle pour le climat ? https://t.co/CpBHObmJa6 pic.twitter.com/7GmCeo4pF0
À y regarder de plus près néanmoins, ce constat est à nuancer. Tous et toutes ne répondent pas avec la même intensité aux initiatives nationales en faveur du climat.
Des trois pays au sein desquels nous avons enquêté, les Marocains apparaissent les plus réceptifs. Les Français portent quant à eux le regard le moins positif des trois sur leur propre pays lorsqu’il s’attaque à ces enjeux. Comment expliquer ces différences ?
Les pays étudiés ont une histoire différente quant au changement climatique. Si les trois affichent un rôle prépondérant dans les accords internationaux relatifs au changement climatique, ils ont néanmoins adopté face à lui des postures différentes. La France a accueilli la COP 21 en 2015, le Maroc l’a organisée en 2016, tandis qu’en 2017 les États-Unis se retiraient des accords de Paris – avant de les réintégrer en 2021.
Ils ont toutefois débuté leurs actions de protection de l’environnement et leur lutte contre le changement climatique à des moments distincts. La France a une ancienneté certaine dans les actions environnementales alors que les États-Unis et le Maroc ne se sont engagés officiellement que récemment dans la protection de l’environnement.
Dans la France des années 1980-1990, une série de mesures avaient déjà été prises pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, limiter la dépendance à l’énergie fossile et favoriser la biomasse-énergie – effluents d’élevage, biodéchets des ménages, boues de stations d’épuration, etc. Ces dispositions ont contribué à construire un contexte institutionnel particulièrement propice pour accompagner les débats et décisions à l’échelle internationale liés au changement climatique.
Pour sa part, le Maroc n’a institutionnalisé sa politique en la matière que très récemment, mais ses actions sont nombreuses : un plan climat national 2020-2030 a été présenté en 2009 à la COP15, la nouvelle constitution de 2011 qui reconnaît le développement durable comme un droit pour les citoyens marocains, le classement de l’indice de performance climatique qui reconnaît le Maroc comme étant dans le top 10 mondial, ou la centrale solaire Noor qui prévoit d’exporter de l’énergie vers l’Europe. Le Maroc construit la plus grande centrale solaire du monde (Euronews, 28 octobre 2016).
Aux États-Unis, le changement climatique apparaît aussi comme une préoccupation plus récente. Le pays dépendant principalement des énergies fossiles, les divisions sont fortes en son sein. Ainsi, seuls 23 États sur les 50 ont rejoint la US Climate Alliance, une coalition visant à réduire les gaz à effet de serre.
Dans ce contexte, la Californie est un État leader pour la lutte contre le changement climatique. Des programmes sont mis en place pour réduire l’utilisation du pétrole de 50 % dans les véhicules automobiles, ou doubler l’efficacité énergétique dans les bâtiments.
Malgré cette avance de la France et la préoccupation de ses citoyens, l’engagement précoce de l’Hexagone sur les questions environnementales a essentiellement mobilisé les institutions publiques et les acteurs économiques, beaucoup plus timidement la société civile. Si les Français ont des attentes en matière d’environnement, ils se montrent également plus réticents vis-à-vis de certaines mesures contraignantes de lutte contre le changement climatique, telles que l’augmentation du prix de l’essence.
Les décisions prises par les institutions nationales semblent mieux reçues chez les Marocains et les Américains. Toutefois, les premiers appellent de leurs vœux des actions climatiques de grande envergure autour notamment de la gestion de l’eau potable pour le futur, et deux tiers des Américains estime que leur gouvernement devrait faire plus pour le climat.
Les actions prises à l’échelle nationale pour lutter contre le changement climatique ont donc un impact certain sur les attitudes des consommateurs vis-à-vis de leur pays. Il apparaît alors opportun que les entreprises visant un marché international relayent les actions prises par leurs gouvernements pour lutter contre le changement climatique, en promouvant le caractère local de leurs produits par exemple. Le « made in » local prend ici toute son ampleur.
"Si les attitudes des parlementaires penchent + qu’il y a qqs années en faveur de l’environnement, elles n’en demeurent pas moins très variables selon les appartenances : 92 % de «convaincus» à gauche, 84 % dans la majorité présidentielle et 28 % à droite"https://t.co/6NgkGGJCSB— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) February 10, 2021
"Si les attitudes des parlementaires penchent + qu’il y a qqs années en faveur de l’environnement, elles n’en demeurent pas moins très variables selon les appartenances : 92 % de «convaincus» à gauche, 84 % dans la majorité présidentielle et 28 % à droite"https://t.co/6NgkGGJCSB
Dans ces stratégies internationales, les spécificités des contextes locaux doivent être prises en compte. Ainsi, des communications visant à combiner les efforts nationaux aux efforts des entreprises locales seront plus efficaces dans des pays comme les États-Unis ou le Maroc.
En France, une de nos études laisse penser que les citoyens attendent davantage d’efforts des entreprises que du gouvernement. On peut ainsi supposer qu’une politique de communication principalement basée sur les actions mêmes de l’entreprise plutôt que sur celles du gouvernement serait plus efficace en France pour encourager la consommation de produits locaux et soutenir la lutte contre le changement climatique.
Des études supplémentaires sont attendues pour évaluer et identifier les communications efficaces pour renforcer l’impact des actions menées au niveau des entreprises et des pays pour lutter contre le changement climatique.
This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.
Le 17 novembre 2021 aura lieu la prochaine Learning Expedition du M2 – Manager en Stratégie et Développement International en partenariat avec la société KIPPIT, sous le signe de la RSE, du Développement Durable et du Néo-Consumérisme.
La Learning Expedition est une activité transverse à l’ensemble des blocs de compétences du programme Marketing & Sales Strategy / Finance for Manager / Management & Leadership, organisée en équipe d’apprenants sur 3 journées consécutives d’activités en M2 sous forme de projet déployé et relatif à une problématique d’entreprise.
Elle a pour but de valider le cycle diplomation Executive Education RNCP européen Niveau 7 et de vérifier que les apprenants sont en mesure de transférer les enseignements et de produire par eux-mêmes.
La Learning Expedition permet de :
• Comprendre, aider à élaborer et reformuler la demande d’un commanditaire
• Gérer un projet en respectant les engagements dans le temps et sur les livrables
• Démontrer sa capacité à formuler des préconisations stratégiques, opérationnelles
• Pratiquer une méthodologie de gestion de projet dans le cadre d’un travail en équipe et un contexte professionnel
• Démontrer – Argumenter- Exposer des préconisations devant un client
• Valoriser des connaissances globales dans les domaines de la Responsabilité Sociétale Entreprise et Développement Durable
La version 2021 de cette Learning Expedition se déroulera du 17 au 19 novembre 2021 avec 26 apprenants organisés en 4 équipes au Campus de TBS Entiore Executive Education.Pour les aider et les soutenir, nos apprenants bénéficient de l’appui de ressources dédiées :Equipes TBS Library, consultant spécialisé, responsable de programme…
Mais aussi d’outils innovants et digitaux :– CAMPUS : la plateforme pédagogique en ligne qui donne accès à tous les modules de formation– TBS Library (articles de recherche, base données …)– Glossaire bilingue RSE/Développement Durable
Fondée par Kareen Maya Levy et Jacques Ravinet, Kippit est une start-up spécialisée dans la fabrication d’électroménager durable, local…et réparable, qui lutte contre l’obsolescence programmée ! Cette start-up toulousaine s’inscrit dans une démarche éco-responsable et deviendra pour sûr, un acteur incontournable du « néo-consumérisme ».Après une campagne de Crowdfunding sur Ulule plus que réussie (245 688€ récoltés sur un objectif de 10 000 €) et une première levée de fond de 618K, Kippit lance JAREN une Bouilloire très design, multifonction et made in France.
Après la bouilloire, la marque lancera de nouveaux produits novateurs comme un Lave-linge ou encore un Grille-pain !
Pour en savoir plus sur la société Kippit :www.kippit.fr
Le mercredi 10 novembre 2021, la Chaire SIRIUS a organisé un événement en distanciel avec deux temps fort :
La conférence est organisée par la Chaire SIRIUS, le CNES COMET & le Global Entrepreneurship Network
Comme tout secteur économique, celui du spatial constitue un écosystème.
Un écosystème est en permanence soumis à des mouvements, à des turbulences (nouveaux entrants, processus, technologies, etc.) avec un risque pour la qualité, la performance et l’atteinte des objectifs.
Cet événement propose d’explorer la notion d’écosystème, d’évoquer écueils et bonnes pratiques, afin que chaque participant dispose d’éléments utiles pour ses propres besoins et ceux de son organisation.
Il est organisé dans le cadre des Space Talks de la Chaire SIRIUS et du dispositif COMET du CNES durant la Global Entrepreneurship Week, avec des intervenants issus d’horizons géographiques, de secteurs et de disciplines différents.
Notre Centre d’excellence sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et le Développement Durable, dirigé par Soumyadeb Chowdhury, sous la direction de la Directrice de la recherche Pascale Bueno Merino, a remporté l’appel à projet “Montage de Réseaux Scientifiques Européens ou Internationaux (MRSEI)” de l’Agence Nationale de Recherche (ANR) française.
Grâce à ce financement, notre Centre d’excellence va pouvoir développer des recherches qui étudieront les stratégies, les interventions et les politiques visant à faciliter le développement durable des petites et moyennes entreprises en France et dans toute l’Europe.
Cet objectif sera atteint en répondant et en consolidant les domaines critiques de l’urgence climatique, de la santé mentale et du bien-être, de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion, de l’accès au numérique.
Ces thèmes sont alignés sur le Programme de développement durable des Nations Unies, les Priorités de recherche pour le rétablissement post-Covid des Nations Unies et les initiatives vertes du Forum économique mondial (FEM).
Grâce à cette subvention MRSEI 2021, le centre développera davantage le consortium, sollicitera deux financements de recherche H2022 en partenariat avec plusieurs parties prenantes sur l’action verte et la résilience inclusive, à travers un spectre multidisciplinaire de recherche générant des solutions concrètes pour les grands défis urgents de ce siècle.
Le consortium formé par notre Centre d’excellence RSE et Développement Durable comprend actuellement plus de 12 pays, 20 institutions et 50 chercheurs de six continents.
Il rayonne dans toute notre institution à travers des enseignements adaptés, des projets de recherche innovants, des actions pratiques sur nos campus pour stimuler la durabilité et la diversité, jusque dans nos associations étudiantes.
Gilles Lafforgue a été nommé membre de la Commission de l’Économie du Développement Durable (CEDD) du Ministère de la transition Ecologique. Le titre de personnalité qualifiée pour son expertise économique lui a été attribué dans ce cadre. Très impliqué dans la sphère recherche en matière de développement durable et reconnu pour son expertise économique, ce professeur-chercheur de TBS Education avait participé à la Commission Carbone de 2017 à 2019. Son implication et la reconnaissance de ses hautes compétences se confirment avec cette nouvelle nomination.
La CEDD a été créée le 10 novembre 2020 à l’initiative du Premier Ministre et de la Ministre de la transition écologique. Elle succède au Conseil économique pour le développement durable. La CEDD apporte une aide à la décision publique concernant le développement durable vu sous l’angle économique.
Cette commission consultative a, en effet, pour mission de présenter un éclairage dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du climat, des transports et du logement. Pour cela, elle s’appuie sur l’analyse des données statistiques et la confrontation des analyses économiques, l’élaboration et l’évaluation des politiques publiques dans ces domaines.
Le Professeur-chercheur participera plus particulièrement aux travaux de la formation « Environnement », dont l’objectif est l’examen et la discussion des comptes économiques de l’environnement (flux monétaires et physiques relatifs aux milieux naturels, aux ressources naturelles, à l’économie circulaire, ou la réduction des émissions et consommations).
Par Samuel FOSSO WAMBA
L’intelligence artificielle (IA) pourrait sans doute être l’une des technologies les plus perturbante du 21e siècle. Elle dispose en effet d’un potentiel de transformation important pour tous les aspects de la société. Se préparer à une « bonne société » axée sur l’IA est devenu un sujet brûlant, avec un intérêt croissant tant du public que du monde scientifique notamment par rapport aux principes, politiques et cadres éthiques nécessaires à la société. Ceci avec un accent marqué sur les avantages de l’IA dans un contexte où les risques liés à son utilisation seront minimes. Sur la base d’une analyse bibliométrique de 40147 documents extraits de la base de données Web of Science, cette étude explore l’état de développement de la recherche en IA.
Quels sont les risques liés à l’informatique et au numérique en entreprise, comment peut-on les contrer ? Dans le cadre de ses webinaires Inspiring, TBS a réuni plusieurs spécialistes autour du thème de la cybersécurité. Le regard expert du lieutenant-colonel Laurent Lebreton, chargé de projets sécurité économique et protection des entreprises Région Occitanie, Rémi Daudigny, délégué régional de l’ANSSI et Jean François Simonin, consultant en stratégie et philosophe
On distingue deux types de délinquance numérique : les actes où le numérique est un moyen, et ceux qui visent la sécurité du système d’information. Les cyberattaques les plus fréquentes prennent des formes diverses comme l’usurpation d’identité ou fraude au président, le phishing ou hameçonnage destiné à dérober des données privées, ou encore les rançongiciels ou ransomwares qui bloquent l’accès au système d’information. Les attaques les plus élaborées vont jusqu’à détruire ou rendre inopérant l’outil de production. Il faut comprendre que la cybercriminalité est de plus en plus le fait de réseaux organisés et structurés au niveau international.
Elle est énorme et ne cesse d’augmenter : + 22% en moyenne chaque année. 100 000 crimes et délits ont été déclarés l’an dernier, et la première période de confinement, au printemps dernier, marquée par un recours accru au numérique, a vu une multiplication par 5 des atteintes. Et encore, il ne s’agit là que de la partie émergée, puisqu’on estime que pour 1 fait signalé, 267 sont commis. Toutes les entreprises ne déclarent pas qu’elles sont victimes d’une cyberattaque, et toutes ne s’en aperçoivent pas : par exemple il faut 197 jours en moyenne pour déceler une atteinte au traitement automatisé des données et 69 Jours pour y remédier.
Tout le monde ! Les entreprises représentent 57% du total des atteintes, et les administrations 7%. Les individus sont aussi des cibles de premier choix, et à ce titre constituent un point de fragilité pour les entreprises, avec notamment le développement du télétravail et la plus grande perméabilité des sphères professionnelle et privée. Par grands secteurs, la défense, la finance, l’énergie, le médical et le paramédical sont particulièrement visés.
Elles peuvent être désastreuses. Les cyberattaques entraînent principalement des pertes financières, mais aussi des pertes de données, voire dans les cas les plus graves la paralysie de l’entreprise. Il ne faut pas négliger non plus les effets d’image, et la dégradation de la réputation de la marque. Un chiffre résume la gravité du phénomène : 80% des entreprises qui ont été victimes d’un rançongiciel ferment dans les 12 mois qui suivent.
L’Anssi propose une approche par typologie de risque afin de toujours adapter sa réponse au plus juste. L’agence a élaboré une pyramide du management du risque numérique avec les 3 catégories principales de cyberattaques. Les attaques de grande envergure, non ciblées, qui touchent tout le monde, appellent des réponses simples appliquant les principes de base de sécurité des systèmes d’information. Un peu plus élaborées, les attaques de type rançongiciel demandent de mettre en place un véritable système de défense. Enfin, tout en haut de la pyramide, des attaques ciblées sur des cibles stratégiques : dans ce cas où on ne peut pas éviter l’incident, il faut surtout se préparer à réagir par des scénarios permettant d’en limiter l’impact et d’assurer la continuité d’activité.
C’est fondamental. L’Anssi et la CGPME ont publié un guide pratique présentant les 12 règles essentielles pour sécuriser les équipements numériques (https://www.ssi.gouv.fr/uploads/2017/01/guide_cpme_bonnes_pratiques.pdf). Si le risque zéro n’existe pas, être vigilant sur ses mots de passe et mettre à jour régulièrement son système d’information permet d’éviter 90% à 95% des mauvaises surprises liées à la navigation internet. Parmi les principes de base également, beaucoup de règles de bon sens sur l’utilisation des messageries, les paiements en ligne ou encore les usages privés d’Internet et des réseaux sociaux.
D’abord en anticipant et en se donnant les moyens d’avoir une protection efficace. Il s’agit d’un enjeu à la fois technique et humain. L’Anssi propose plusieurs ouvrages permettant aux entreprises d’améliorer leur gestion de risque : un guide en 42 mesures d’hygiène de base pour renforcer la sécurité des systèmes d’information (https://www.ssi.gouv.fr/guide/guide-dhygiene-informatique/), et un document plus complet (https://www.ssi.gouv.fr/guide/maitrise-du-risque-numerique-latout-confiance/) pour bâtir sa stratégie en 4 étapes : prendre la mesure du risque numérique ; comprendre le risque numérique et s’organiser ; bâtir son socle de sécurité ; piloter son risque numérique et valoriser sa cybersécurité.
En cas d’attaque d’envergure sur le système d’information de l’entreprise, la probabilité de fuite de données personnelles est assez forte. Dans le cadre du règlement européen RGPD, le dirigeant est responsable d’un point de vue légal de la protection de son système d’information. Sur ce thème, il existe un guide de la CNIL en 17 mesures (https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/cnil_guide_securite_personnelle.pdf).
Les couvertures assurantielles existent, elles peuvent être utiles pour faire face à une crise et limiter son préjudice, voire pour aider l’entreprise à gagner en maturité par des mesures de prévention minimales. Le fait de s’assurer ne dispense pas quoi qu’il en soit de s’engager dans une vraie démarche de cybersécurité.
D’abord la signaler et porter plainte. On parle d’actes délictueux commis par des organisations, et ce sont les enquêtes judiciaires qui permettent de les appréhender. La règle d’or est de ne jamais entrer dans le jeu des cyberdélinquant : par exemple dans le cadre d’un rançongiciel, il ne faut jamais payer pour récupérer ses données, au risque d’encourager le phénomène.
L’an dernier, le Tour de France, comme le Tour d’Italie (le Giro) et le Tour d’Espagne (la Vuelta), a modifié son règlement afin que les équipes se composent de 8 coureurs au lieu de 9.
Christian Prudhomme, directeur du Tour, dont le départ a été décalé cette année au 28 août en raison de la pandémie de Covid-19, avait justifié cette décision en évoquant des questions de sécurité (moins de coureurs, donc moins de risque de chute) et de dynamisme de la course (moins de coureurs, donc moins d’étapes cadenassées). L’Union cycliste internationale (UCI), l’instance fédérale, avait approuvé.
Les grandes épreuves sportives modifient effectivement leur règlement afin de favoriser la sécurité, le spectacle, l’équité ou d’éventuels intérêts économiques ; la Formule 1 est un exemple classique de modifications fréquentes de ses règlements.
Aujourd’hui, les commentateurs et téléspectateurs du Tour de France sont dans une affection, non feinte, du passé regrettant un « avant » plus épique. Plus d’incertitude, plus de spectacle, moins de courses verrouillées semblent marquer les épopées cyclistes d’avant où le tout technologique n’avait pas pris le dessus sur l’humain tandis que l’image sacralisant le moment épique pouvait être appréciée en noir et blanc. Le philosophe français Roland Barthes accorda au Tour de France le statut de mythe moderne lié à l’importance des croyances collectives construites dans le passé.
Les oreillettes relayant les ordres du directeur sportif ou la mesure des watts nivelant par le haut la puissance à maintenir – afin de rester devant – sont régulièrement mises au banc des accusés. Il y a déjà une dizaine d’années, nous nous étions intéressés – de façon scientifique – à comprendre l’impact réel des oreillettes sur le déroulé des courses. Le débat est loin d’être clos, encore aujourd’hui. Ce culte du passé magnifie des exploits et des défaillances qui n’auraient plus cours dans des épreuves aseptisées ?
Toujours le même scénario de course qui entraîne le désintérêt progressif des spectateurs : voilà la hantise des organisateurs d’épreuves sportives qui modifient les règlements. On s’interroge alors de savoir où sont passés les « forçats de la route » du journaliste Albert Londres en 1924 – en oubliant qu’ils furent également qualifiés de « nains de la route » par Jacques Goddet dans le journal L’Humanité en 1961.
Si le Tour 2019, où des coureurs français ont pesé sur la course, a connu une audience record en France avec 35,4 millions de téléspectateurs sur les antennes de France Télévisions, les chiffres étaient en baisse régulière ces dernières années.
Création de demi-étapes, bonification en temps, apparition de différents maillots, sprints intermédiaires ou autres ont été des réponses afin de dynamiser la course. D’où notre question : le Tour de France est-il moins intéressant à suivre qu’avant ?
À des fins de cohérence, notre analyse va retenir pour point de départ le Tour de 1969 où les équipes de marque reviennent définitivement, entraînant la disparition des équipes nationales.
Depuis 50 ans, la vitesse moyenne de l’épreuve augmente (de nos jours, un peu moins de 41 km/h) mais la distance totale à parcourir se réduit, le matériel est meilleur, les groupes sportifs sont plus structurés et la préparation des coureurs est plus importante. Nous voulons pour preuve la baisse du taux d’abandon sur le Tour de France. Plus que jamais et jusqu’au bout, la présence des équipiers est primordiale. La figure suivante indique le pourcentage d’abandon final et la vitesse moyenne finale.
Nous pouvons également remarquer qu’il y a une nette diminution des écarts moyens séparant le vainqueur final de ses poursuivants. La figure suivante indique, pour les cinq dernières décennies, l’écart entre le vainqueur et son second et entre le vainqueur et le troisième.
Serait-ce le témoin d’une course qui devient de plus en plus disputée ? Il faut se méfier d’une telle interprétation car les écarts peuvent être contrôlés tout en minimisant le risque, grâce au travail des équipiers qui contrôlent la course. Alors, quels critères objectifs permettent de penser qu’un Tour de France est véritablement disputé et potentiellement intéressant à suivre ?
Selon nous, et en mettant volontairement de côté les maillots annexes ou les victoires d’étapes, l’intérêt de la course est lié à la « bataille » pour le maillot jaune (le premier du classement en temps). En d’autres termes, si le contrôle du maillot jaune est incertain, il devrait en ressortir un intérêt supérieur dans le suivi de la course.
L’incertitude inhérente au contrôle du maillot jaune repose sur deux dimensions : la forte variation des porteurs du maillot jaune durant toute la course et la faiblesse des écarts finaux.
Ainsi, en fonction des données recueillies sur le site procyclingstats.com, nous avons procédé à une série de mesures concernant – pour chaque Tour – le nombre de porteurs du maillot jaune différents, le nombre de jours en jaune du vainqueur final, le numéro de l’étape qui a vu le dernier changement de maillot jaune, puis, comme vu plus haut, les écarts finaux entre les trois premiers.
Une analyse nous permet de positionner et de classer les 51 Tours de France depuis 1969 comme l’illustre le schéma suivant. Bien que non attribués par la suite, nous avons conservé les données des Tours de l’ère dominée par l’Américain Lance Armstrong (à qui l’on a retiré sept victoires du Tour pour cause de dopage).
Le quart nord-ouest (en rouge) correspond aux Tours fortement dominés (importance des écarts et peu de maillots jaunes différents). Nous les nommerons Tours « verrouillés ». Il s’agit selon nous des Tours les moins intéressants à suivre. Nous y retrouverons bon nombre de Tours des années 1970 avec la domination du champion belge Eddy Merckx. Le dernier Tour verrouillé en date est celui de 2014 avec la victoire de l’Italien Vincenzo Nibali où plusieurs favoris ont abandonné.
Le quart nord-est (en orange) correspond à des Tours ayant connu une forte variation des porteurs du maillot jaune mais au final, l’écart se révèle conséquent. Il s’agit d’un schéma classique durant les années 1980 où les écarts importants étaient creusés. Il s’agit de Tours « ouverts puis fermés ».
Le quart sud-ouest (en bleu) envisage des Tours où les écarts finaux sont plus réduits mais le contrôle du maillot jaune est plus élevé. Il s’agit des Tours « contrôlés ». C’est la tendance de fond des années 2010 avec les victoires de l’équipe britannique Sky avec Bradley Wiggins, Christopher Froome ou Geraint Thomas.
Les schémas de course de l’Espagnol Miguel Indurain dans les années 1990 sont à lier à cette catégorie. Fort de la puissance de son équipe et de sa domination en contre-la-montre, le vainqueur n’a pas besoin de creuser fortement l’écart. C’est une gestion scientifique de la course où les « gains marginaux » s’avèrent déterminants et où le suspense est de courte durée.
Le quart sud-est correspond aux Tours de France les plus intéressants à suivre – selon nous – car l’écart final est faible et il y a eu une forte variation des porteurs du maillot jaune. Ce sont des Tours disputés. Nous y retrouvons ceux de 1983 (la première victoire du Français Laurent Fignon, 20 vainqueurs d’étapes différents), 1987 (l’Irlandais Stephen Roche et son coude-à-coude avec son rival espagnol Pedro Delgado), 1989 (qui s’est soldé par la victoire de l’Américain Greg LeMond pour 8 petites secondes d’avance sur Laurent Fignon) et 1990 (remporté également par LeMond).
Heureuse surprise, s’il en est, le dernier Tour de France 2019 avec la victoire du Colombien Egan Bernal et la pugnacité du Français Julian Alaphilippe correspond à cette catégorie. Notons que l’issue de ce Tour a été perturbée par les intempéries.
Nos résultats indiquent clairement l’avènement de course où les écarts sont faibles mais où le vainqueur final se dégage très tôt ; ces Tours « contrôlés » sont dominants dans un passé proche (années 2010).
Oui, les instances du cyclisme ont raison de modifier le règlement des épreuves pour favoriser plus de dynamisme, mais le « avant » évoqué de façon générale n’est pas nécessairement plus exaltant. Certes, la réduction des écarts entre les premiers laisse supposer que les derniers Tours de France témoignent d’un plus grand contrôle de la course : le vainqueur, sans faillir, tient à proche distance ses adversaires. La mise au ban de la technologie (oreillettes, calcul des watts, positionnement GPS) a peut-être du sens mais la tendance récente se rapproche de celle des années 1970 qui étaient dépourvues de l’outillage informationnel.
La technologie n’explique pas tout et une réglementation concernant la composition des équipes semble plus judicieuse qu’une interdiction des technologies utilisées en course (comme la tentative de 2009).
La question de la perception de la course de la part du téléspectateur nous semble également capitale pour mieux comprendre le problème. Historiquement, le Tour a été une épreuve magnifiée par les récits de la presse écrite puis par la radio qui ont su capitaliser sur quelques faits de course pour raconter ce que l’auditoire ne pouvait voir. Pour mémoire, les plumes d’un Antoine Blondin ou d’un Pierre Chany ont contribué à la grandeur des Tours de France au même titre que ses vainqueurs.
De nos jours, les étapes sont couvertes en intégralité, le dispositif de caméra est plus important, le big data avec les transpondeurs GPS placés sur les vélos et le traitement en temps réel des données indiquent à tous la position précise des coureurs. Nous renvoyons le lecteur au récent ouvrage du journaliste Guillaume di Grazia qui relate dans le détail et de l’intérieur le Tour de France 2019 à travers son prisme décisionnel et informationnel.
L’incertitude, en théorie économique, repose sur une absence d’information. Le téléspectateur est de moins en moins dans l’incertitude et cela modifie sa perception de la course. De ce fait, il peut apparaître un effet modérateur, concept issu de la statistique, qui indique que les courses sans réelle bataille seront, comparativement à auparavant, perçues comme beaucoup plus ennuyeuses tandis que les courses animées seront plus appréciées.
Cet effet modérateur qui amplifie la relation entre le déroulé réel et sa perception par le téléspectateur ne cessera de grandir avec les technologies mises à la disposition des suiveurs et des médias.
Il est donc encore plus crucial que le règlement soit modifié, éventuellement de façon heuristique, afin de favoriser l’apparition de faits de course enthousiasmants. Donnons-nous rendez-vous à l’issue du Tour 2020 afin de savoir à quelle catégorie il appartiendra…
Par Baptiste Massenot
Afin de limiter les dégâts économiques associés à la pandémie actuelle, la Banque centrale européenne (BCE) a récemment décidé de racheter 750 milliards d’euros de dettes d’entreprise et d’état, soit environ 2 200 euros par habitant de la zone euro. Or, plutôt que d’acheter de la dette, pourquoi ne pas plutôt directement donner cet argent à la population, comme l’a proposé l’économiste libéral américain Milton Friedman en 1969 selon son principe d’hélicoptère monétaire (« helicopter money ») ?
Un célibataire toucherait ainsi directement 2 200 euros, une famille de quatre, 8 800 euros. Une goutte d’eau dans l’océan pour les plus aisés, mais un soulagement immense pour le reste, qui peine à boucler les fins de mois. À titre d’exemple, un Français sur 4 se déclarait en difficulté financière en 2017, selon le baromètre Cofidis-CSA.
Les plus démunis pourraient finalement effectuer les achats qui demeuraient en attente, ce qui relancerait l’économie. Des études économiques suggèrent que les ménages dépenseraient plus de la moitié de cette somme dans l’année qui suit, soit une croissance de l’économie de la zone euro d’environ 2 %.
Cette épargne accrue leur permettrait également de sortir d’un état d’esprit de rareté, au bénéfice de leur productivité et de leur bien-être.
Les leviers des banques centrales, qui reposent depuis quelques années sur le rachat de dette (programme d’assouplissement quantitiatif, ou quantitative easing), permettent de relancer l’économie et de stimuler l’inflation en facilitant l’accès au crédit et en faisant baisser les taux d’intérêt.
Ces mesures tendent à légèrement réduire les inégalités, grâce à une baisse du chômage, une augmentation des salaires, et une baisse des mensualités pour les propriétaires qui refinancent leur prêt immobilier ou qui bénéficient d’un prêt à taux variable.
Cependant, cette légère baisse globale de l’inégalité cache certaines injustices, notamment pour les personnes qui ne parviennent pas à trouver un emploi et pour qui il serait déraisonnable voire impossible de s’endetter. Ces groupes ne bénéficient pas des mesures de rachat de la dette. En revanche, l’hélicoptère monétaire bénéficierait à tout le monde de manière égalitaire.
De plus, ces mesures profitent aux plus riches, en augmentant la valeur de leurs actifs financiers. En effet, les taux d’intérêt bas poussent les investisseurs à s’orienter vers des actifs financiers plus rentables, tels que l’immobilier ou les actions en bourse. Ces réallocations font pression sur les prix de ces actifs, augmentant encore plus la richesse de leurs détenteurs.
Qu’elles le veulent ou non, les banques centrales influencent donc la répartition des richesses. Elles doivent décider si elles préfèrent favoriser les plus riches (en rachetant de la dette) ou les plus démunis (en ayant recours à l’hélicoptère monétaire).
Un meilleur accès au crédit permet de soulager certains ménages et entreprises à court terme. Cependant, cet endettement met également en danger leur pérennité financière. Lorsque les mensualités d’un prêt deviennent plus élevées, des évènements tels que la perte d’un emploi ou une baisse des ventes ont plus de chance de mener à la faillite.
Plusieurs études économiques montrent en effet qu’un endettement élevé de la population est l’un des signes les plus fiables de l’approche d’une crise financière et d’une récession. Étant donné que l’endettement des entreprises est déjà à un niveau historiquement élevé, les politiques de relance basées sur le rachat de la dette sont d’autant plus préoccupantes.
Ces politiques semblent en outre avoir atteint leurs limites. Les banques centrales ont en effet désormais une capacité limitée à faire baisser les taux d’intérêt, car ceux-ci ont atteint leur valeur plancher. Cet outil n’est donc plus disponible.
Les mesures d’assouplissement quantitatif ont également montré leurs limites au cours de la dernière décennie. La plus grande partie de la création monétaire associée au quantitative easing est restée dans les coffres des banques, sous forme de réserves excédentaires. Le quantitative easing améliore certes la santé financière des banques et des grandes entreprises mais pas celle des ménages et des petites entreprises. En conséquence, les effets sur l’économie se font attendre.
Alors, comment expliquer la frilosité des banques centrales à utiliser l’hélicoptère monétaire ? À l’inverse de ces politiques traditionnelles de rachat de dette qui n’augmentent que temporairement la quantité de monnaie dans l’économie, l’hélicoptère monétaire implique une augmentation permanente de la quantité de monnaie.
En conséquence, l’hélicoptère monétaire effraie et demeure un tabou car il rappelle les épisodes d’hyperinflation qu’ont connus l’Allemagne de Weimar ou le Venezuela de nos jours.
Cependant, contrairement à ces épisodes dramatiques, l’hélicoptère monétaire est une mesure temporaire et limitée. En conséquence, l’inflation augmenterait de manière temporaire et limitée.
Finalement, les banques centrales devraient donc se réjouir de la capacité de l’hélicoptère monétaire à créer de l’inflation, qui reste obstinément faible dans la zone euro ou aux États-Unis, en dépit des efforts massifs déployés par les banques centrales.
Par Alain Klarsfeld (TBS), Kevin Carillo (TBS) et Gaëlle Cachat-Rosset, (Université de Montréal).
Malgré les conditions difficiles du confinement, la satisfaction à l’égard du télétravail apparaît élevée, en particulier pour les personnes travaillant en autonomie, même si elles notent une hausse de la quantité de travail. C’est ce qu’il ressort d’une enquête que nous avons conduite entre le 2 et le 16 avril auprès d’environ 1 220 salariés français. L’ensemble des répondants était en télétravail, pour la plupart contraint par leur employeur (à 77 %).
D’après notre étude, 80 % des répondants se déclarent en effet « satisfaits » ou « très satisfaits » en télétravail. En outre, contre toute attente, la perception d’une quantité de travail fournie plus élevée en télétravail est allée de pair avec une satisfaction plus élevée. Cela s’explique en grande partie par le fait que les télétravailleurs se sont sentis plus productifs quand des conditions propices à leur satisfaction étaient réunies.
L’autonomie est un facteur décisif dans la satisfaction à l’égard du télétravail. Parmi les travailleurs étant « tout à fait d’accord » avec le fait qu’ils disposent d’une « grande autonomie » pour faire leur travail, le pourcentage de satisfaits et très satisfaits est de 83 %, alors qu’il n’est que de 56 % de satisfaits et très satisfaits chez les salariés les moins autonomes.
Mais les salariés sont plus mitigés en ce qui concerne le sentiment d’être plus productif (partagé par 34 % des répondants seulement contre 29 % d’un avis inverse, 37 % étant neutres), ou encore le désir de continuer à télétravailler (38 % y sont favorables, mais 41 % défavorables, 21 % étant neutres).
Si une certaine méfiance à l’égard du télétravail pouvait être de mise avant la crise, ce n’est relativement plus le cas à la suite du confinement. Le sentiment de méfiance qui ressort de notre enquête est en effet faible : une minorité de salariés pensent que « les membres de leur équipe en télétravail passent du temps à faire autre chose que les tâches qui leur sont assignées. »
Le pourcentage de confiants est même plus élevé chez les managers que chez les non-managers, ce qui est pour le moins inattendu, les managers étant parfois présentés – avant la crise du coronavirus – comme un frein à la diffusion du télétravail du fait de leur sentiment de perte de contrôle. Or, 65 % des managers (contre 60 % des non-managers) affichent une confiance élevée à l’égard des membres de leur équipe. Seuls 10 % avouent être méfiants. Le reste affichant une confiance moyenne.
Il ressort également de notre étude que, en situation de travail au domicile contraint, les femmes restent plus exposées à des risques d’épuisement que les hommes. Le télétravail tel qu’il a été organisé a effet contraint les salariés à travailler en présence de personnes dépendantes, généralement des enfants.
Parmi les télétravailleurs, les femmes ont été plus accaparées par des personnes dépendantes, c’est-à-dire demandant « plus de 4 heures d’attention qui empiètent sur le temps de travail » chaque jour. Elles sont 10,3 % des répondantes, en France, à être dans ce cas extrême, contre 7 % des hommes. On observe également que les femmes sont nettement plus nombreuses à avoir recherché du soutien émotionnel que les hommes (48 % contre 26 %) pendant le confinement.
Enfin, elles sont significativement moins nombreuses que les hommes à penser que « les choses allaient comme elles le voulaient » (60 % et 71 % respectivement) lorsqu’elles ont répondu à l’enquête. Pour autant, leur niveau de satisfaction à l’égard du télétravail est sensiblement le même que celui des hommes. Seraient-elles moins exigeantes que les hommes et si oui, pourquoi ? Seule une nouvelle recherche permettrait de répondre à ces interrogations.
Au bilan, nos résultats apparaissent comme encourageants quant à la diffusion de cette pratique dans le futur, notamment au vu du contexte difficile dans lequel le télétravail a été expérimenté (télétravail contraint, improvisé, souvent en présence de personnes dépendantes).
Il ressort en outre que, pour un développement du travail le plus satisfaisant possible pour tous, il existe de nombreux leviers d’action.
Cela passe par un certain nombre de conditions :
Il convient d’insister sur ce dernier point, car si une grande autonomie permet de bien vivre le télétravail, c’est à condition que soient préservées des relations avec autrui. L’isolement est le facteur qui impacte le plus négativement les variables de satisfaction à l’égard du télétravail. Il doit donc être combattu à tout prix.
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une recherche internationale associant Kevin Carillo et Alain Klarsfeld (TBS Education), Gaelle Cachat-Rosset et Tania Saba (Université de Montréal) et Josianne Marsan (Université Laval).